

Le vaisseau spatial Soyouz MS-22 au cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan le 21 septembre 2022. (AFP/NATALIA KOLESNIKOVA)
La Russie a annoncé mercredi qu’elle enverrait une embarcation de sauvetage à la Station spatiale internationale le 20 février pour ramener trois membres d’équipage dont l’avion a été endommagé le mois dernier.
Le vaisseau spatial Soyouz MS-22, actuellement amarré à l’ISS, a connu une fuite de liquide de refroidissement spectaculaire à la mi-décembre, avec des images montrant un jet de particules s’échappant dans l’espace depuis l’arrière du véhicule russe.
Après examen de l’état de l’appareil, l’agence spatiale russe (Roscosmos) a annoncé mercredi qu’elle estimait préférable d’envoyer un deuxième engin spatial, Soyouz MS-23, pour ramener deux cosmonautes russes, Sergueï Procopiev et Dmitri Peteline, ainsi que L’astronaute américain Frank Rubio.
“Il a été décidé de lancer le vaisseau spatial Soyouz MS-23 le 20 février 2023 sans passagers”, mais avec du matériel, a indiqué Roscosmos dans un communiqué.
Le lancement de cet appareil était initialement prévu pour le 16 mars et devait transporter trois autres passagers vers l’ISS.
“Nous n’appelons pas cela un Soyouz de secours”, a déclaré Joel Montalbano, responsable du programme ISS au Johnson Space Center de la NASA à Houston. “J’appelle ça un Soyouz de remplacement.
“L’équipage est actuellement en sécurité sur la station”, a-t-il poursuivi.
La date de retour des deux Russes et de l’Américain, initialement prévue le 28 mars, n’a pas été annoncée. Mais leur mission sera prolongée “de quelques mois”, a laissé entendre le directeur des vols habités de Roscosmos, Sergei Krikaliov, lors d’une conférence de presse.
Au-delà de cela, le vaisseau endommagé reviendra sur Terre vide, probablement “de la mi-mars à la fin mars”, a-t-il déclaré.
– Scénarios d’urgence –
En prévision de l’arrivée d’un vaisseau de remplacement, en cas d’urgence qui entraînerait la nécessité d’évacuer l’ISS, les agences spatiales russe et américaine étudient plusieurs scénarios. Ils ont souligné que cette possibilité est encore très peu probable.

La Russie enverra une mission de sauvetage vers l’ISS le 20 février, à la suite d’un incident qui a endommagé un vaisseau spatial Soyouz amarré à la station (AFP / )
Le premier scénario serait d’embarquer contre toute attente trois membres d’équipage à bord du Soyouz endommagé, malgré les inquiétudes concernant la température qui pourrait être atteinte à l’intérieur du vaisseau spatial au moment de l’atterrissage.
Une autre consisterait à réduire la “charge thermique” du Soyouz en “réduisant la taille de l’équipage”.
L’un des trois passagers serait alors ramené par un vaisseau de SpaceX, lui aussi actuellement rattaché à l’ISS.
En effet, en plus des trois membres d’équipage arrivés sur le Soyouz, l’ISS compte actuellement quatre autres passagers, arrivés sur cette capsule SpaceX Dragon – qui doit également les ramener.
L’idée serait donc de prévoir une cinquième personne à bord, “dans la zone où se trouve normalement la cargaison”, a expliqué Joel Montalbano, responsable du programme ISS à la Nasa.
– Impact de micrométéorites –
La fuite a été découverte le 14 décembre à bord du Soyouz alors que deux cosmonautes russes devaient effectuer une sortie dans l’espace.
Une première évaluation de la cause de la fuite de liquide de refroidissement a soulevé la possibilité d’un impact de micrométéorite naturelle, de débris artificiels en orbite ou d’une défaillance matérielle.
Mercredi, Roscomos a affirmé que la version à impact de micrométéorite avait été “prouvée expérimentalement”. Selon l’agence russe, il a ouvert un trou “moins d’un millimètre de diamètre” dans un tuyau de refroidissement.
Compte tenu de la vitesse à laquelle les experts pensent que l’objet a percuté l’ISS, il ne peut s’agir que d’une “météorite venue d’une direction aléatoire” et non d’un débris qui “ne pouvait pas rester sur cette orbite” à cette vitesse. , a expliqué Sergey Krikaliov.
L’agence russe a exclu toute défaillance mécanique.
Pour Vitaly Egorov, expert spatial russe, les décisions annoncées mercredi par Roscosmos sont “optimales pour assurer la sécurité (de l’équipage) et minimiser les dommages au programme spatial”.
L’ISS est l’un des rares champs de coopération restants entre Moscou et Washington depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, lancée le 24 février, et les sanctions occidentales qui ont suivi.
Le chef de Roscosmos, Yuri Borissov, a reconnu le mois dernier la solidarité des Américains sur l’ISS, qui “ont tendu la main pour nous aider”, à un moment où les relations entre le Kremlin et la Maison Blanche sont au plus bas.
La Station spatiale internationale a été lancée en 1998 à une époque de coopération américano-russe, suite à la course à l’espace dans laquelle les deux pays se sont engagés pendant la guerre froide.
Plusieurs problèmes techniques, ainsi que des scandales de corruption, ont ces dernières années porté atteinte à la réputation du secteur spatial russe, qui à l’époque de la course à l’espace était un concurrent du secteur américain.
La déception du Soyouz MS-22 illustre les risques qui persistent, malgré les avancées technologiques qui permettent de calculer et de prédire la trajectoire des objets spatiaux, à moins qu’ils ne soient trop petits.