

La Serbie demandera à l’OTAN l’autorisation de déployer des forces de sécurité au Kosovo, a déclaré le président Aleksandar Vucic samedi 10 décembre, ajoutant que “pas de tromperie” dans la réponse. Le dirigeant a mentionné lors de la conférence de presse qu’il enverrait une lettre à cet effet au commandant de la Force du Kosovo (KFOR), dirigée par l’OTAN sous l’autorité des Nations Unies, en vertu de la résolution du Conseil de sécurité qui a mis fin à la guerre en Kosovo (1998 – 1999).
Aux termes de la résolution de l’ONU, la Serbie a la capacité de déployer 1 000 soldats, policiers ou douaniers dans les zones religieuses orthodoxes, dans les zones à majorité serbe et aux postes frontières, sous le feu vert de la KFOR. Ce serait la première fois que Belgrade ferait une telle demande.
Arrêtez de démissionner
L’annonce de Vucic fait suite à la montée des tensions dans la région à majorité serbe du nord du Kosovo. Des centaines de Serbes du Kosovo avaient érigé des barrages routiers dans le nord du pays, bloquant la circulation à deux points de passage frontaliers avec la Serbie, a indiqué la police. Ces derniers jours, il y a eu des explosions, des fusillades et des attaques visant une patrouille de police, où un policier albanais kosovar a été blessé.
Selon les médias locaux, les manifestants de la minorité serbe du Kosovo sont scandalisés par l’arrestation d’un ancien policier de souche serbe soupçonné d’avoir participé à des attaques contre la police du Kosovo.
L’attaque au cours de laquelle le policier a été blessé jeudi a eu lieu après le déploiement de la police albanaise du Kosovo dans le nord du Kosovo. Selon le gouvernement, ce déploiement a été décidé après la démission collective des Serbes travaillant dans les institutions publiques, dont la police. Des agents des forces de l’ordre et des fonctionnaires serbes ont démissionné pour protester contre la décision des autorités kosovares de remplacer les plaques d’immatriculation émises par la Serbie par des plaques émises par le Kosovo.
Les dernières tensions ont éclaté après la décision des autorités kosovares d’organiser le 18 décembre, dans une municipalité à majorité serbe, des élections locales que les principaux partis politiques serbes ont annoncé vouloir boycotter. Des explosions et des coups de feu ont été entendus jeudi alors que des responsables électoraux se rendaient dans deux municipalités du nord du Kosovo pour préparer les élections, mais aucun blessé n’a été signalé. Peu de temps après l’érection des barrières, le président du Kosovo, Vjosa Osmani, a annoncé qu’il avait décidé de reporter les élections locales au 23 avril.
Une minorité de Serbes du Kosovo, au nombre d’environ 120 000, renonce à son allégeance à Pristina avec les encouragements de Belgrade, qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo proclamée en 2008, contrairement aux États-Unis et à de nombreux pays européens.