
Ll’une des certitudes soulevées par l’expérience est que la guerre se déroule rarement comme prévu. Vladimir Poutine, après bien d’autres, peut le confirmer.
Qu’un plan élaboré au cours d’un conflit qui a démarré à froid finisse par remplir les critères d’une victoire militaire ne garantit pas non plus le succès. Les États-Unis, première puissance militaire mondiale, ont démontré à deux reprises leur incapacité à parvenir à la paix, en Afghanistan comme en Irak.
Ce double échec les a poussés à faire la guerre « par derrière » en Libye, ou bien à refuser de s’engager en Syrie. Le rejet de l’intervention inclus par Barack Obama puis partagé par son adversaire habituel, Donald Trump, n’a pas produit les résultats les plus satisfaisants pour les intérêts de Washington et de ses alliés.
Alors que la guerre imposée par la Russie à l’Ukraine entre dans son douzième mois le 24 janvier, son élan continue de repousser les limites que les bailleurs de fonds occidentaux de Kyiv s’étaient fixés, clairement et implicitement, en termes d’aide militaire. Le dernier croisement implique la livraison de chars lourds de fabrication allemande, devenus incontournables. Ils sont les seuls disponibles en nombre suffisant, au sein des pays européens les plus motivés pour la victoire de l’Ukraine, pour pouvoir prendre une bonne position sur le terrain.
Sauf retombées improbables de la brutalité russe, tout porte à croire que d’autres lignes rouges seront également franchies dans les prochains mois. Bien entendu dans les mêmes conditions, associant les recours à l’amélioration de l’insistance ukrainienne, sans que ces décisions soient suffisamment expliquées à l’opinion publique des pays concernés.
Deux choses
Cette série d’annulations a relancé le débat sur la légitimité et l’importance de cette aide occidentale. Ces questions ont été principalement posées dans ces colonnes (Le monde du 21 janvier) et l’ancien député de Paris Pierre Lellouche, qui, à son crédit, n’a pas découvert ces questions avant-hier.
Initialement, ils ont été déterminés par l’opposition inattendue de l’Ukraine contre la violation de l’intégrité de ses frontières et de l’indépendance de la Russie. Le mépris de l’agresseur pour les règles les plus élémentaires de la guerre, comme en témoignent les bombardements massifs d’infrastructures civiles, s’est alors joué pour soutenir les soutiens qui continuent de se trouver au pouvoir. Mais le relatif blocage observé depuis la fin de l’offensive d’automne 2022 à Kyiv les a relancés.
Il vous reste 56,29% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.