
ITA Airways (anciennement Alitalia) passera-t-elle sous contrôle allemand ? Selon le Corriere della Sera, citant des sources gouvernementales, Lufthansa pourrait racheter 51% de la société italienne pour une somme de 250 millions d’euros, tandis que Ferrovie dello Stato et l’Etat italien prendraient respectivement 29% et 20% du capital.
Jusqu’à présent, le groupe allemand avait poussé à la privatisation totale de l’entreprise italienne, mais le retrait lundi de son allié, le géant du transport maritime MSC, a changé la donne. Lufthansa s’est retrouvée seule sur la piste à éplucher les comptes de l’entreprise publique ITA, née en 2021 des cendres d’Alitalia.
” Les conversations avec les candidats intéressés se poursuivent », s’est contenté de préciser le ministère de l’Économie dans le communiqué, estimant que ce n’est pas son rôle de commenter les informations concernant « M.d’éventuels partenaires supplémentaires du consortium “. ITA Airways a besoin de ” partenaire industriel “, quel que soit son pays d’origine”, qui permet le développement de pôles aéroportuaires dans le pays et la promotion de la mobilité et du tourisme », a évalué mercredi le ministre des Entreprises, Adolfo Urso.
L’entrée à la direction de Ferrovie dello Stato marquerait en fait son retour, le groupe ayant bien tenté en 2019 de former un consortium pour sauver Alitalia avant de jeter l’éponge début 2020. A cette époque, des contacts avaient déjà été pris avec Lufthansa, mais aussi avec l’américain Delta Air Lines et le gestionnaire italien d’autoroutes et d’aéroports Atlantia, contrôlé par la famille Benetton. Si le nom d’Atlanta circule à nouveau pour un rachat d’ITA Airways, le groupe d’autoroutes n’est pour l’instant pas intéressé, a indiqué à l’AFP une source financière.
Air France-KLM pris en embuscade ?
MSC et Lufthansa ont proposé en août de payer 850 millions d’euros pour 80 % d’ITA, laissant à l’État italien une participation de seulement 20 %. La part réservée à MSC, avant qu’il ne jette l’éponge, était de 60 %.
L’ancien gouvernement de Mario Draghi a choisi fin août l’offre concurrente du fonds d’investissement américain Certares, lié à Air France-KLM et Delta Air Lines, afin d’ouvrir des négociations exclusives. Puis, le nouveau ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a annoncé fin octobre sa décision de ne pas renouveler l’exclusivité des négociations avec Certares, ouvrant la voie au retour de Lufthansa et MSC.
Cependant, Air France-KLM plus tôt cette semaine, a réitéré son intérêt à renforcer les liens avec ITA dans le cadre d’un consortium dirigé par Certares aux côtés de son partenaire de joint-venture Delta.
L’Etat vient d’injecter 400 millions d’euros de fonds publics
En attendant la fin de ce feuilleton, c’est l’Etat italien qui fait vivre la compagnie avec une nouvelle injection de 400 millions d’euros de fonds publics qui devraient entrer dans les caisses d’ITA Airways à la fin du mois. Bruxelles a donné son feu vert en septembre 2021 au décollage de l’ITA et approuvé 1,35 milliard d’euros de fonds publics, à condition qu’il soit autosuffisant à long terme. Pas encore.