
29:30, 29 octobre 2022
Et s’il y avait une autre élection présidentielle ce dimanche ? Comme en 2007, 2012 et 2017, l’Ifop a testé pour le JDD six mois après l’élection présidentielle et sur la base de la même proposition électorale, ce que donnera le vote français. Pas question de répéter les matchs des 10 et 24 avril. Bien moins projetant 2027, de nombreux prétendants ne se présenteront pas d’ici cinq ans, à commencer par Emmanuel Macron. Mais pour jauger l’évolution des rapports de force lors des élections semestrielles où le président menaçait de se dissoudre. Après un semestre tumultueux pour l’exécutif, cette enquête met d’abord en lumière l’impact des événements sur l’opinion publique suite à la réélection du chef de l’Etat.
Six mois après le premier tour de l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a retrouvé sa place (29,5 % contre 27,2 % dans le sondage), dépassant François Hollande, qui avait déjà paru maintenu sa position malgré l’impopularité (28,6 % contre 28 %). %). Six mois après le début de 2017, Emmanuel Macron face à une Marine Le Pen stagnante (28 % à 24 %), paye encore le prix de son débat télévisé raté (21,5 % à 21,3 %). Contrairement aux deux sondages précédents, l’édition 2022 met en lumière des mouvements inédits : contrairement aux résultats du 10 avril, il s’agit cette fois d’une hausse significative (23,5 % contre 30 %). Même si Marine Le Pen a atteint une pole position. avec une marge d’erreur d’un point, devant Emmanuel Macron. Cela améliore également son score, mais beaucoup plus modestement (27,8% contre 29%).

Emmanuel Macron conserve une base solide et relativement homogène
Si l’on s’attarde sur la composition de l’électorat du candidat du Rassemblement national (RN), c’est, « jusqu’à présent très divisé et composé, tous deviendront des votes », affirme le PDG de l’Ifop, Frédéric Dabi. A l’exception de quelques catégories qui restent très réticentes, comme les plus de 65 ans (atteint 18%), les seniors (18%) et les diplômés universitaires (18%), Marine Le Pen s’est hissée au sommet. dans plusieurs segments : les 25-34 ans (38 %), ainsi que les 50-64 ans (39 %), les salariés (43 %) et les ouvriers (46 %).
Conséquence de cette évolution, les voix sociologiques antagonistes qui caractérisaient les électorats respectifs et très spécifiques de Le Pen et de Macron aux élections présidentielles déclinent. En avril, les salaires étaient le seul domaine de concurrence directe pour lequel ces deux rivaux se battaient : plus maintenant. Les salariés, sur fond d’inflation galopante, représentent aujourd’hui une part du marché électoral, majoritairement dominée par l’ancien président du RN, où il récolte 34 %, 21 % pour le Président. Et plus encore chez les salariés du secteur public, où il monte à 39 % et culmine à 20 %.
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Tout se passe alors que la logique du vote utile se poursuit
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Cependant, ce dernier tiendra le coup et progressera, ne serait-ce que modestement, par rapport au 10 avril. Malgré les difficultés qu’il a connues ces derniers mois (le pouvoir d’achat des Français, les conflits sociaux et blocages dans le secteur pétrolier, la situation complexe à l’Assemblée nationale et les inquiétudes grandissantes sur la majorité libertaire), Emmanuel Macron a maintenu une position solide et relativement fond uniforme. . Il a même attiré les voix de 50 % des seniors et de 49 % des retraités, autre signe de son virage à droite, vers lequel les tranches d’âge penchent traditionnellement. Aussi, 36% des sympathisants LR et 15% des électeurs ont voté pour Valeri Pekresse en avril. En revanche, il reste très faible chez les 15-24 ans (11%) et les ouvriers (10%).

Hormis l’écologiste Yannick Jadot (4,6 % à 6 %) et le communiste Fabien Roussel (2,3 % à 3 %), seuls Macron et Le Pen font mieux qu’en avril. c’est pourquoi. La domination des deux finalistes de la présidentielle sur le jeu politique s’est confirmée. Aussi, la dynamique observée durant la campagne. “Tout se passe comme si la logique du vote utile continuait”, note Frédéric Daby.
Eric Zemmour a perdu deux points, tout comme Valérie Pekres
Ainsi, l’extrême droite Eric Zemmour a perdu deux points au profit de Marine Le Pen (7,1% contre 5%). Au moins 28% de ses électeurs d’avril préfèrent ce dernier aujourd’hui. Valéry Pécresse chute également un peu plus (de 4,8 % à 3 %), avec 15 % des électeurs d’avril choisissant cette fois Macron et 10 % Le Pen. L’encéphalogramme est toujours plat pour Ann Hidalgo, qui se situe entre 1,7% et 2% des voix. Ni Les Républicains (LR) ni le Parti socialiste (PS), autrefois les deux structures dominantes de la Vème République, n’ont survécu à la défaite de leurs champions : Pécresse ne compte aujourd’hui que 26 % des suffrages. Partisans LR ; Pire encore, Hidalgo n’obtient que 12% des voix des députés PS.
Autre tendance notable : la forte baisse de Jean-Luc Mélenchon, qui maintient son avance à gauche mais passe de 21,5 % à 17 %. Contrairement à notre enquête d’octobre 2017, elle indiquait qu’elle se maintiendrait au niveau du premier tour (19,6 % à 18 %). Le chef rebelle n’a pas profité du récent conflit du travail dans l’industrie pétrolière, ni de la « marche de la vie chère » du 26 octobre. Pire encore : il a souffert de la gestion de l’affaire de violences conjugales commise par Adrien Quatennens, ainsi que de la radicalité de sa stratégie. Cette dernière séduit bien sûr les 18-24 ans (31%), les ouvriers (29%) et les électeurs de gauche franciliens (23%). Mais il tend à exclure tout l’électorat.
L’enquête sur le second tour préoccupe davantage Emmanuel Macron. Bien sûr, il gagnera à nouveau. Mais c’est difficile. S’il avait 17 points d’avance sur son adversaire le 24 avril, il a un rapport de force très serré face à Marine Le Pen : 47% contre 53%. Ou le résultat final le plus proche contre les candidats républicains au cours des cinquante dernières années. Le finaliste défait enregistre cette fois une large avance auprès des 25-34 ans (61%), des 50-64 ans (57%), des ouvriers (74%), des salariés (62%) et des petites échelles. parmi les salariés du privé (56%), les salariés du public (54%) et les habitants des communes rurales (54%). Détail intéressant au moment où Macron a lancé son offensive pour ramener sa majorité aux Républicains : ces partisans votent pour lui à 61 %, contre Le Pen à 39 %. Le sondage, qui ne prédit en rien les résultats de la présidentielle de 2027, mais souligne à quel point cette dernière se présente dans l’opinion publique comme une alternative au gouvernement actuel.
Le sondage Ifop pour le JDD a été réalisé les 25 et 26 octobre 2022, auprès d’un échantillon représentatif de 1 210 personnes (méthode des quotas) composé de 1 125 personnes inscrites sur les listes électorales. Les entretiens ont été menés à l’aide d’un questionnaire auto-administré. La marge d’erreur est comprise entre + ou – 1,4 et + ou – 3,1 points.