
La part des ventes de véhicules hybrides rechargeables a baissé pour la première fois en Europe au troisième trimestre, tandis que celles des hybrides conventionnels ou électriques ont continué de croître.
Dans une Europe en pleine transition énergétique, c’est sans aucun doute l’un des moteurs les plus polyvalents pour rouler à la fois en électrique et en bon vieux carburant. Un hybride rechargeable (ou PHEV, voir l’encadré en bas de l’article) permet de faire des trajets quotidiens “zéro émission” la plupart du temps et de disposer d’un réservoir de carburant pour les trajets plus longs, comme les escapades de vacances.
Les ventes sont en baisse de 6% sur un an
Stagnation toutefois pour ce type de modèle, avec une première baisse de la part de ses ventes en Europe au troisième trimestre. De juillet à septembre, les voitures hybrides rechargeables ont représenté 8,5 % des ventes de voitures neuves, avec 184 000 unités, a indiqué l’Association des constructeurs européens (ACEA).
“Les immatriculations de véhicules électriques hybrides rechargeables ont chuté de 6% au troisième trimestre de l’année”, indique l’ACEA dans un communiqué, soulignant de fortes baisses des ventes en France (-14,3%) et en Italie (-22,2%). .
Une baisse significative pour les hybrides rechargeables, dans un marché européen en légère reprise après des mois de baisse des ventes. Surtout face à ses deux principaux concurrents sur ces nouvelles motorisations : le 100% électrique, avec 11,9% des ventes de voitures neuves en Europe au troisième trimestre, en hausse de 22%, et l’hybride classique avec 22,6%, en hausse de 6,9%.
L’hybride, qui se généralise de plus en plus pour réduire les émissions de CO2 des voitures thermiques, est ainsi le deuxième moteur le plus vendu sur le continent, derrière l’essence, avec 37,8 % des immatriculations. voitures neuves au troisième trimestre et largement devant le Diesel qui chute à 16,5% du marché.
Les raisons de la déception
Mais pourquoi cette baisse des ventes alors que de nombreux constructeurs misent énormément sur ce moteur pour assurer le passage du thermique au 100 % électrique ? Peugeot, par exemple, propose sa nouvelle 408 en version hybride rechargeable uniquement pour le lancement de la “First Edition”. Renault a cependant fait le choix inverse pour son nouveau SUV, l’Austral, qui ne sera proposé qu’avec des motorisations hybrides “classiques”. C’est intéressant quand on sait que sa cible principale, le Peugeot 3008, mise de son côté sur l’hybride rechargeable pour électrifier son mix de ventes.
Premier élément : le contexte actuel, l’Europe cherchant à imposer la vente de voitures neuves uniquement 100 % électriques d’ici 2035. qui s’est également avéré être critiqué pour son empreinte carbone réelle.
« Nous avons tellement parlé de véhicules électriques, du véhicule électrique et de l’année 2035, qu’aujourd’hui les clients sont perdus et se posent de nombreuses questions sur le véhicule à acheter. Or, quand on achète un véhicule, on pense à la revente dans cinq, six ans. et combien vaudra la voiture à ce moment-là. La question se pose fortement de l’hybride rechargeable. Est-ce le bon choix ?”, souligne Flavien Novi, économiste, président du directoire de l’Observatoire de l’Auto de Cetelem.
A cet argument, on peut également citer les zones à faibles émissions (ZFE), dont la mise en place va s’accélérer en France dans les années à venir. Dans le Grand Paris, une interdiction de la conduite thermique (dont les hybrides) est par exemple prévue pour 2030. Un horizon encore lointain, mais dont les acheteurs tiennent forcément compte pour prédire la valeur résiduelle du véhicule. Ainsi que les industriels, qui misent de moins en moins sur l’énergie thermique.
“Les constructeurs ont compris que les hybrides rechargeables ne passeront pas Café 2035 (réglementation européenne régissant les émissions de CO2, ndlr). Ce sont des véhicules très chers car il y a deux technologies. Cependant, les constructeurs devront développer la prochaine génération et ne plus investir dans le moteur thermique », explique Eric Champarno, associé de la firme C-Ways, pour qui ce moteur ne dépassera pas 10 % des ventes.
Autre élément plus global : un contexte économique complexe qui oblige les entreprises à retarder les achats de voitures.
“Les hybrides rechargeables étaient achetés en gros par les entreprises, contrairement aux électriques. Or, avec le contexte économique, les entreprises réduisent fortement leurs coûts », souligne François Roudier, porte-parole de la plateforme de l’industrie automobile.
Trois grandes familles d’hybrides
Un véhicule hybride rechargeable (ou PHEV pour « plug-in hybrid electric vehicle ») désigne une voiture hybride pouvant être branchée (« plug-in »). Sa batterie est en effet suffisamment volumineuse pour rouler en mode 100 % électrique sur plus ou moins 50 kilomètres.
C’est la principale différence avec voitures hybrides “classiques” ou non rechargeables: une technologie popularisée par Toyota qui ne permettra qu’une réduction de la consommation, ne permettant pas vraiment de rouler en 100% électrique (ou seulement au démarrage ou avec une plage d’utilisation beaucoup plus restreinte). Argument séduisant : nul besoin de la brancher, la petite batterie se recharge grâce à l’énergie restituée lors des décélérations. Toyota a récemment parlé de voitures hybrides “auto-rechargeables”, visant à souligner ce point par rapport aux voitures 100% électriques et aux hybrides rechargeables.
Dernière catégorie : “hybrides légers” ou “hybrides doux”. Un alterno-démarreur assistera le moteur pendant les phases d’accélération, mais il n’y a pas de puissance électrique transmise aux roues.