Elle a créé l’école de volleyball Arago en 2004 et la porte depuis sur ses épaules. Mais la “mère” de la grande majorité des volleyeurs sétois a décidé de passer le relais. La fin d’une belle histoire.
Elle aura donc attendu que son enfant, son “troisième bébé” comme elle le définit, atteigne l’âge de dix-huit ans pour lui lâcher la main. Françoise Theule offrira sa dernière séance d’Aragoland en mai prochain.
Elle quittera cette école de volleyball aussi chaleureuse que pleine d’imagination. Cette école lui ressemble tellement et sera imitée dans tout le pays, et même plus loin. “Je me suis longtemps posé la question car c’est une décision difficile”, a-t-il déclaré avec un sourire ému. “Il était temps de passer le relais. Et puis je ne reçois pas beaucoup d’aide des dirigeants et du club. Je me suis débarrassé des créneaux d’entraînement, je n’ai pas de place pour ranger mon matériel… c’est par le professionnel restrictions sectorielles, mais je me bats depuis trop longtemps. Et je suis responsable de tout. J’aime ça, mais pour tout mettre en place, j’ai besoin d’aide. Ce que je fais, c’est à plein temps. Il faudrait plusieurs personnes. J’ai ça fait dix ans que je le dis et on ne m’entend pas…”
Cette saison est donc la 19ème depuis la création d’Aragoland. Depuis 2004, Françoise Theule a vu défiler près de 1 200 enfants les mercredis après-midi à Barrou. Il aura également proposé plus de 1100 sessions (une soixantaine par an). Des sessions qui, d’ailleurs, ne se ressemblent jamais, sans parler des événements festifs et masqués, comme le dernier en date baptisé “Avataragoland”. Et certains de ses anciens élèves ont fait leur chemin vers le monde professionnel, comme Matthieu Garcia, Tom Liot ou encore Hugo Fouillade, qu’elle a formé jeune.
Alors le plus grand gardien de l’esprit de famille Arago a fait son choix. Aragoland sera orphelin à la fin de la saison, mais pas les poussins dont il continuera à s’occuper. Parce qu’on ne tire pas un trait sur une vie dédiée au volley comme ça. Enseignante retraitée à l’UFR Staps de Montpellier, elle débute sa formation en 1975, alors qu’elle est cadette. Il poursuit à Paris, où il participe à la formation d’un certain Hubert Henno, puis un an à Sète VBC “car il n’y a plus de section féminine à Arago”.
Entre Disney et Club Med
Un département qu’elle a ensuite relancé pour mener, grâce à son travail de formation, en National 3. « Puis je me suis tournée vers d’autres catégories. Il y avait une vingtaine d’enfants en végétation et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. C’est comme ça que le concept d’Aragoland (NDLR : dont il a déposé la marque) est né dans ma tête, en 2004. Je me souviens l’avoir introduit au club, il n’y avait que des hommes là-bas, je leur ai parlé d’un mélange de Disneyland et de Club Med Ils étaient confus, c’est un euphémisme… »
Une petite révolution
Et pourtant, la magie a opéré immédiatement. En enseignant le volley-ball à travers des légendes et des histoires familières aux enfants, Françoise Theule a fait sa petite révolution. « Au début, les joueurs pro étaient tous aux fêtes. Je me souviens comme si c’était hier de Junot Mistoco, Cyril Liot ou Fred Gibert qui sont venus sous couverture, jouer le jeu à 100. Alors on est monté à 120 enfants, avec une équipe que j’ai recruté parmi les joueurs du club et mes élèves à Montpellier. Puis la Fédération a surfé sur cette idée puis je suis parti en Italie, où j’ai rencontré des dirigeants qui m’ont donné des cours d’organisation. Malheureusement, ce n’était pas le partenariat avec Modène accepté par la club.”
Malgré cela, Françoise Theule n’a pas renoncé à ses convictions. Toujours au service de cet esprit de famille et de cette volonté de former le plus de monde possible. “Dans un club, il faut toujours commencer par le bas, c’est-à-dire par le joueur amateur. Pour moi, l’entraînement consiste à prendre un jeune joueur, à le former individuellement à la technique et, surtout, à lui apprendre à jouer ensemble. Avec ça , nous pouvons emmener n’importe qui, grand ou petit, en National 3.”
Ensemble Mary Poppins
Cette croyance a largement fait ses preuves, ainsi qu’une philosophie qui aura fait de Françoise Theule une Sète Mary Poppins. “Il faut aimer les enfants. Et penser aux familles. Le but a toujours été de les divertir. Mettre la fantaisie et l’imagination au service des gestes techniques, et toujours à travers une histoire. Les enfants d’aujourd’hui ont des centres d’intérêts différents mais ils restent des enfants , qui aiment les histoires et qui sont soignés.”
Bien plus qu’un coach, pour petits et grands.
Fin mai, Françoise Theule va donc s’occuper une dernière fois de “ses” enfants. Il est inévitable que tout le monde ait le cœur gros autour d’elle, mais la volleyeuse mère Sète n’étant pas du genre à la servir, les yeux rivés sur le reste elle passera les rênes. “Le volley-ball m’a tout apporté dans la vie. J’ai rencontré Eric, mon mari, j’ai entraîné tous ces enfants, je joue toujours au softball… Mais en mai, je trouverai une liberté inimaginable. Pour moi, la liberté signifie pouvoir utiliser votre Et j’ai vécu Aragoland jour et nuit Mais attention, je ne me plains pas. Ce fut un pur plaisir Avec les enfants, nous sommes dans l’énergie positive et le retour est immédiat. Certains ont même amélioré leur timidité avec Une de mes grandes fiertés est que j’ai aidé les enfants à s’épanouir.”
Vu par ses anciens élèves
Matthieu García “Je l’admire pour tout ce qu’elle fait pour Aragoland. On lui doit beaucoup, c’est elle qui nous a donné envie de jouer au volley. Et de continuer. Je me souviens du tournoi international de Hyères, j’avais été élue meilleure joueuse et elle me connaît beaucoup. Je la remercie d’avoir pu vivre cela. J’ai énormément de respect pour elle. Nous la connaissons depuis qu’elle est toute petite et nous continuons à les voir dans les services jeunesse.
Hugo Fouillade « J’ai commencé poussins avec elle. Passionnée, elle est complètement dans le transfert. Et elle est toujours disponible pour nous parler. Je me souviens du tournoi international de Hyères. Johann Maillard était notre entraîneur mais elle était venue avec nous. Nous avions terminé 3e et quand je pense à ce tournoi, je pense forcément à elle. Elle est l’un de mes premiers et meilleurs souvenirs de volley.”
Tom Picard L’ancien footballeur, Tom Picard avait Françoise Theule comme professeur à l’UFR Staps. “C’est une passionnée, elle enseignait à l’université comme elle l’est à Aragoland. C’est quelqu’un qui s’est investi à 200%. A l’époque, je jouais au volley à l’université et je lui ai dit que je voulais revenir à la compétition après le foot. Elle a su trouver les mots pour me motiver, me disant que j’avais les qualités pour y arriver. Aujourd’hui, Tom Picard évolue avec les atouts d’Arago.