
Par sécurité, le chauffeur du bus scolaire s’arrêtait devant les maisons des autres enfants pour leur éviter de marcher seuls dans le fossé, et parfois la nuit. Un programme qui n’aime pas son entreprise, qui vient de le licencier pour faute grave.
L’affaire, qui secoue la petite commune de Billanges, en Haute-Vienne, relance le débat sur la gestion humaine des transports scolaires en milieu rural.
650 mètres à pied, puits, sans feux
À plusieurs reprises, la mère d’une collégienne de 12 ans (qui habite un lieu-dit Entrecolle et étudie à Saint-Sulpice-Laurière) avait pourtant alerté les services appropriés pour tenir compte des caractéristiques de l’approche du conducteur. , expliquant que les 650 mètres que son fils doit parcourir chaque jour pour se rendre à son arrêt de bus (ou inversement pour rentrer chez lui le soir) n’est en réalité qu’un long parcours du combattant. Au bord de la route en campagne, sans trottoirs, sans feux, sans panneaux, sur un axe très passant avec des virages et des problèmes de visibilité…
“On a expliqué la situation de ma fille, on a alerté les services compétents, mais on s’est entendu répondre : “le bus ne sortira pas les enfants de leur lit”.
Christelle Nozière (habitante de Billanges, mère d’une collégienne de 12 ans)
“Bien sûr il n’est pas question de laisser ma fille se risquer comme ça, d’autant plus que notre maison est toute proche de la ligne de bus, explique Christelle Nozière. Mais nous nous sommes heurtés à un mur. La règle est que si le domicile de l’enfant est à moins d’un kilomètre du centre précédent, aucun nouveau centre n’est créé. On s’est même entendu répondre “on ne sortira pas les enfants de leur lit”…
Licencié le lundi 28 novembre
Pourtant, plusieurs fois averti par son nouvel employeur (la société Europ Voyage a repris le service sur cette ligne en septembre dernier) qu’il se mettait sur la route, le chauffeur du bus a néanmoins refusé de laisser l’enfant seul. .
Il a donc continué à se tenir debout le matin et le soir avec une jeune écolière. Jusqu’au vendredi 25 novembre, où il s’est retrouvé convoqué pour un entretien avant d’être licencié.
Il est difficile de laisser un enfant seul sur la route
« J’ai reçu ma lettre le lundi 28 en recommandé, explique le chauffeur, Damien Tabard. Pour moi ce n’est pas grave, je trouverai un travail sinon on cherche des chauffeurs partout. Mais ça fait mal de quitter les enfants que j’aimais. . Je voulais qu’ils soient en sécurité. Il est difficile de laisser un enfant seul sur la route. Comme par exemple obliger une mère en fauteuil roulant et son enfant à marcher sur une route dangereuse pour rejoindre la gare lorsque mon bus passe devant leur loger. “
Des méthodes dépassées ?
Car le cas de la petite écolière n’est pas le seul. Dans ce secteur rural aux implantations dispersées, les districts scolaires semblent avoir du mal à répondre à la demande. Le chauffeur, qui travaillait dans le secteur depuis 17 ans, avait donc l’habitude de changer.
Il fait apparaître des horaires mal mis à jour et obsolètes. « Je me suis signalé plusieurs fois, mais rien n’a été fait. Alors j’ai senti qu’il fallait que je change. On m’accuse de « postes sauvages ». Mais pour moi, ce sont des postes de sécurité. sens”. Jusqu’à cette année…”
Le maire demande une révision du cycle
Le maire de Billanges s’est dit surpris par la décision de l’entreprise. “Le chauffeur licencié est un monsieur célèbre de la ville, un professionnel prudent et responsable, lui-même père. S’il a agi, c’est au profit des enfants”, explique Manuel Perthuisot qui dit avoir demandé à la Nouvelle-Aquitaine région pour revoir le circuit. « Il y a des restrictions que nous comprenons, mais néanmoins, les personnes qui font le circuit devraient discuter plus souvent avec la ferme. Il y a certaines conditions à considérer. »
La province promet une consultation
Europ Voyage, que nous avons contacté, a refusé de répondre à notre demande d’interview. Quant à la région Nouvelle-Aquitaine (elle a désormais la capacité de gérer les transports scolaires), elle indique qu’elle envisage d’engager au plus vite des concertations sur le secteur de Billanges.
“Chaque année, nous recevons environ 250 demandes de nouveaux arrêts”, explique Didier Duchier, directeur du transport routier de voyageurs de la région Nouvelle-Aquitaine. Il faut toujours trouver un compromis pour ne pas s’arrêter souvent et gagner des temps de trajet, ainsi que la sécurité des enfants qui n’est pas forcément garantie sous la maison. Nous allons lancer un mécanisme pour développer les réseaux, sachant que l’organisation des transports scolaires en milieu rural est toujours difficile. »
Florence Clavaud-Parent