

Josep Borrell est le haut représentant de la Commission européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Du 26 au 29 janvier, il était en visite en Afrique du Sud et au Botswana. Dans une interview à Le mondeil revient sur la lutte d’influence qui oppose l’Occident à la Russie sur le continent africain depuis le début de la guerre en Ukraine.
Sergueï Lavrov était en visite à Pretoria quelques jours avant vous, en compagnie de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. L’Afrique est-elle redevenue l’arène des luttes d’influence entre les grandes puissances ?
Joseph Borell Oui, l’Afrique est bien un champ de bataille : une guerre légendaire à côté de la guerre d’Ukraine. La Russie a clairement un soutien dans la région et est active sur le plan diplomatique. Nous essayons aussi d’expliquer la cause et l’effet de cette guerre.
L’Afrique du Sud, qui s’abstient de condamner l’agression russe, est-elle au cœur de cette guerre ?
L’Afrique du Sud est un pays très important, un de nos partenaires stratégiques, et nous regrettons qu’il ne soit pas du côté de ceux qui ont condamné l’invasion. Mais il n’est pas seul dans ce domaine. D’autres, en revanche, ont ouvertement dénoncé la violation de la Charte des Nations Unies.
Suite à votre rencontre avec Naledi Pandor, la ministre sud-africaine des affaires étrangères, vous vous êtes dit “au” et “désaccord” et l’Afrique du Sud…
Nous respectons les choix de politique étrangère de toutes les nations souveraines. Mais la première chose, partant de ce principe, c’est que l’Ukraine a aussi le droit d’avoir les alliances qu’elle veut, ce que la Russie ne semble pas accepter. Ensuite, on comprend que l’Afrique du Sud puisse avoir des raisons historiques ou idéologiques pour ne pas vouloir critiquer la Russie. Mais ne pas condamner l’invasion d’un pays qui viole la Charte des Nations Unies est une autre affaire. Si vous voulez soutenir la Convention, vous devez condamner l’invasion. La position de neutralité de l’Afrique du Sud n’est pas unique.
Pensez-vous que l’Afrique du Sud penche vers la Russie ?
Si tu le dis “nous ne sommes pas exclus” en trompant la Russie et en faisant des manœuvres militaires avec elle, on commence à croire qu’elle n’est pas si isolée. L’Afrique du Sud répond : « On fait des manœuvres navales avec qui on veut. » Certes, mais manœuvrer avec la Russie et la Chine à l’occasion du premier anniversaire de la guerre en Ukraine a une valeur symbolique. Nous souhaitons qu’ils ne le fassent pas.
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